Travail réflexif sur la dimension de genre dans les projets intergénérationnels
Science et recherche sur les générations
7. novembre 2018
Le genre joue, comme d’autres facteurs, un rôle important dans la construction des relations intergénérationnelles: une grande part des relations intergénérationnelles se fonde sur les réalités de la vie entre les sexes et sur les valeurs en lien avec les rôles genrés qui y sont associées. Une Contribution de Remo Ryser, Institut suisse pour les questions relatives aux hommes et au genre (ISHG – SIMG), http://www.simg.ch
Comment les projets intergénérationnels traitent-ils les questions de genre ? Dans quelle mesure est-il possible de donner à tous les sexes la possibilité de s’engager dans le bénévolat intergénérationnel? L’Institut suisse pour les questions d’hommes et de genre (ISHG), sur mandat de la Société suisse d’utilité publique (SSUP) dans le cadre de son „Programme Intergénération“, a souhaité en savoir plus sur le sujet. Car tous deux partenaires sont convaincus que la solidarité intergénérationnelle au sein de la famille et de la société ne réussit qu‘à la condition que les femmes et les hommes, resp. tous les sexes, y contribuent de manière paritaire.
L’enquête
Questions clés | Comment les projets intergénérationnels traitent-ils les questions de genre dans les domaines de la planification, du recrutement, de la mise en oeuvre et de l’évaluation ?
Dans quelle mesure les différentes réalités de la vie, les valeurs, les besoins et les motivations des sexes sont-ils pris en compte ? |
Période | Le sondage et les entrevues en ligne ont eu lieu entre le début mai et la mi-juillet 2018 |
Participant.e.s | Tous les projets actifs en Suisse alémanique enregistrés sur intergeneration.ch ont été sollicités par e-mail avec un lien vers l’enquête. 35 des 111 gestionnaires de projet contacté.e.s ont participé à l’enquête (taux de réponse de 32 %). En outre, sept chef.f.e.s de projet ont accepté de discuter en profondeur de leurs expériences et de leurs difficultés au cours d’entretiens. Merci à elles et à eux. |
Mandataire | Société suisse d’utilité publique http://www.sgg-ssup.ch |
Réalisation | Institut suisse pour les questions d’hommes et de genre (ISHG-SIMG), http://www.simg.ch.
L’ISHG est le centre de compétence de männer.ch, Faîtière des organisations suisses progressistes des hommes et des pères, http://www.maenner.ch. |
Les résultats les plus importants en un coup d’oeil
- 95% des projets s’adressent aux deux sexes. Dans l’ensemble, le facteur genre est considéré de manière très différente selon l’auto-évaluation. Environ la moitié des projets en tiennent compte de manière importante, un tiers peu ou pas du tout. Il est frappant de constater qu’il n’y a pratiquement aucun projet dans l’enquête ou sur la plateforme intergeneration.ch qui s’adresse spécifiquement aux hommes, aux femmes ou à d’autres identités de genre ni qui y soit explicitement affecté.
- Une partie considérable des projets étudiés ne parviennent pas à susciter la participation des deux sexes dans une même proportion. Cela s’applique tant aux bénévoles qu’aux bénéficiaires. L’implication de bénévoles masculins pose un défi particulier. Environ un tiers des responsables de projet peuvent nommer des obstacles concrets à l’investissement d’un sexe ou l’autre dans leur projet. Cependant, la majorité d’entre eux ne perçoivent pas d’entraves particulières.
- Environ deux tiers des responsables de projets considèrent qu’il est relativement voire très important d’inclure la perspective de genre. Cependant, la prise en compte du facteur genre dans le projet est rarement systématique. Par exemple, deux équipes de projet sur trois ne réfléchissent pas ni ne discutent de leurs propres représentations des rôles de genre et de leur impact sur le travail du projet.
- Le degré de savoir-faire en matière de travail de projet réfléchissant sur la dimension de genre est évalué de manière très différenciée dans les organisations qui mettent en oeuvre des projets intergénérationnels. Un peu plus d’un tiers des responsables de projet s’intéressent aux moyens d’intégrer plus étroitement la perspective de genre. Environ un tiers des personnes interrogées souhaiteraient disposer d’outils de planification et de réflexion, d’exemples pratiques et d’un échange d’expériences sur tous les aspects du travail de projet en lien avec la dimension de genre.
Conclusions
Le genre – un facteur sous-estimé dans les projets intergénérationnels
Les résultats de l’enquête montrent que dans la majorité des projets intergénérationnels, la perspective de genre est considérée comme techniquement pertinente, mais pas comme une priorité. Dans la plupart des cas, il n’y a pas d’image claire des avantages qu’une prise en compte accrue ou plus différenciée du facteur genre pourrait apporter. Ce n’est qu’à travers la discussion que les corrélations sont identifiées et qu’un examen sexospécifique ou un développement ultérieur du projet est perçu comme intéressant et à poursuivre. Par exemple, lorsque la discrépance entre le souhait d’atteindre les deux sexes à un degré similaire et la réalité, en particulier concernant le recrutement ardu de volontaires masculins, devient claire.
Utilisation consciente des lunettes sexospécifiques – une valeur ajoutée inutilisée
L’enquête confirme que la majorité des projets intergénérationnels, sous la forme d’activité rémunérée ou non, sont réalisés par des femmes. L’impact et les limites que cela génère sur l’égalité entre les sexes sont rarement pris en compte. Dans divers projets, en revanche, le recrutement garantit, par des questions spécifiques, que les volontaires potentiels seront sollicités en fonction de leurs ressources et de leurs compétences. L’influence d’une sensibilité aux stéréotypes de genre inconsciemment reproduits peut ainsi être partiellement réduite. Toutefois, l’utilisation consciente de telles lunettes de genre n’a presque jamais lieu.
Prochaines étapes
La dimension de genre en tant que critère de qualité d’un travail de projet – également dans les projets intergénérationnels
L’enquête, qui a été conçue comme un avant-projet, montre que les chef.f.e.s de projet souhaiteraient être soutenus dans la réflexion sur les questions de genre dans les projets intergénérationnels – tant pour eux-mêmes que pour leurs volontaires. L’ISHG et la SSUP ont l’intention d’y répondre et prévoient, dans une prochaine étape, de développer des offres adaptées, soit actuellement en priorité :
- Services de conseil et de formation disponibles sur demande : p. ex. bilan de projet “Genre”, formation genre orientée vers l’expérience pour les chef.f.e.s de projet ou les volontaires
- Aides pratiques au travail de projet réfléchissant sur le genre : p. ex. normes de qualité, dossiers thématiques sur le traitement des questions de genre soumises à des tabous, exemples de bonnes pratiques.
Liens
Ici vous trouverez les résultats détaillés de l’enquête (en allemand).
Les contributions qui y seront publiées doivent être considérées comme des thèmes de débat; elles ne doivent pas nécessairement refléter l’opinion de la rédaction.
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