Aperçu de tous les blogs

La jeunesse au cours de la pandémie: mise à rude épreuve et pourtant solidaire

Les adolescent-e-s sont en manque de contacts avec leurs ami-e-s, leur psychisme est mis sous tension et l’avenir leur fait peur.

Teenage Girls Foot Bump Corona Covid-19 Pandemic Times

Deux points de vue sur la solidarité entre générations durant la crise du coronavirus

La solidarité entre les générations au cours de la pandémie est un thème central et essentiel pour la cohésion au sein de la société. C’est notamment pendant la crise du coronavirus qu’il est apparu de plus en plus clairement qu’une solidarité en-dehors de la famille était, est et sera indispensable. Qu’en est-il actuellement de la solidarité entre les générations? Quelles sont les principales préoccupations des jeunes et des moins jeunes? Quelles sont les points critiques et que faut-il pour développer la solidarité extra-familiale? Intergeneration a demandé à deux responsables d’en parler, l’une intervenant dans le domaine de la jeunesse, l’autre dans celui des seniors. Katja Schönenberger, Directrice de Pro Juventute, et Alain Huber, Directeur de Pro Senectute, nous ont chacun donné leur point de vue dans un billet de blog. 

Pour lire la contribution de Pro Senectute «Plus forts ensemble – la solidarité au-delà des classes d’âge», cliquez ici.

La jeunesse au cours de la pandémie: mise à rude épreuve et pourtant solidaire

Une contribution de Katja Schönenberger, Directrice de Pro Juventute 

La pandémie est un défi de taille pour les enfants, les jeunes et les familles. Nos conseillères et conseillers sont actuellement plus occupé-e-s que jamais. Les adolescent-e-s sont en manque de contacts avec leurs ami-e-s, leur psychisme est mis sous tension et l’avenir leur fait peur. Pourtant, l’aspect positif n’est pas totalement absent dans cette situation. En effet, dès le début de la pandémie la jeune génération a prouvé qu’elle était prête à apporter sa contribution pour lutter contre la propagation du coronavirus.

Des jeunes pour faire les courses des personnes âgées, des étudiants pour apporter les achats devant la porte des personnes à risque, des enfants pour glisser des dessins dans les boîtes aux lettres des grands-parents… il y a un an, ces grands titres ont déjà prouvé que les plus jeunes voulaient apporter leur contribution en ces temps de crise, se considérant comme une partie intégrante de la société.

Aujourd’hui, après douze mois de pandémie, la jeunesse se montre toujours solidaire. Port du masque, distanciation – la plupart des jeunes ont un comportement admirable. Natives et natifs du numérique, ils maîtrisent déjà les nouveaux outils pour apprendre et pour travailler, ils ont acquis de nouvelles compétences et ils ont développé leurs capacités de résilience pour affronter une crise.

Nos échanges quotidiens avec les jeunes via le site 147.ch nous permettent de confirmer que les jeunes adhèrent majoritairement aux mesures anti-covid et se montrent solidaires avec les personnes à risque et avec la génération âgée. Pro Juventute est la plus importante organisation spécialisée dans le domaine de la jeunesse. Il est donc logique que chez Pro Juventute, nous nous montrions solidaires envers les jeunes et que nous prenions au sérieux leurs soucis, leurs angoisses et leurs besoins. Les adolescent-e-s souffrent de la crise comme l’illustrent les exemples ci-dessous, tirés de nos activités de conseil.

Manque de contacts avec les ami-e-s et multiplication des conflits familiaux

«Depuis l’arrivée du coronavirus, je me dispute souvent avec mes parents. J’aimerais entreprendre plus de choses avec mes copines et mes copains, mais mes parents sont contre, à cause du virus. Je comprends que la maladie peut être dangereuse, et j’ai peur pour mes grands-parents. Mais j’ai aussi peur de perdre mes ami-e-s et de ne plus suivre en classe.»

Comme Sarah*, 14 ans, de nombreux jeunes dans toute la Suisse ont fait appel au service de consultation 147 de Pro Juventute en 2020. Ce sont les restrictions imposées à la vie sociale qui pèsent le plus aux jeunes. Pour les enfants et les adolescents, l’interaction avec leurs pairs est très importante. Elles et ils sont nombreux à nous consulter parce qu’ils craignent de perdre leurs ami-e-s. Les consultations relatives à ce sujet ont augmenté de 93 % par rapport à l’année précédente.

Les possibilités de sorties étant limitées et les contacts devant être réduits, les jeunes, de manière générale, doivent rester à leur domicile depuis un an. Et là, l’ambiance n’est pas toujours harmonieuse. Les consultations sur les conflits familiaux sont en augmentation. Entre mars et mai 2020, les conseillers du 147 ont constaté une hausse de près de 70 % des consultations en lien avec des violences domestiques. D’autres services de conseil ainsi que la police, elle-même, ont également signalé une recrudescence des violences domestiques lors du semi-confinement au printemps 2020.

La pression psychologique sur les enfants et les jeunes est élevée. En effet, au cours de la deuxième vague, d’octobre à décembre, nos consultations dans le domaine de la santé psychique ont augmenté de 40 % par rapport à la même période de l’année précédente. Les psychiatres pour enfants et adolescents tirent également la sonnette d’alarme. Ils travaillent à plein régime, et les tendances suicidaires graves chez les enfants et les adolescents sont selon eux en hausse.

Peur de l’avenir et stress psychologique élevé

La fermeture des écoles et l’enseignement à distance ont eu un impact sur les progrès des enfants et des jeunes. Diverses études l’ont démontré. Si certains élèves s’en sortent bien, d’autres sont laissés pour compte. Dans l’ensemble, les enfants les plus jeunes ont moins bien réussi à apprendre à distance. Une partie des enfants et des jeunes risquent de décrocher si ils et elles ne disposent pas de l’infrastructure technique et du soutien nécessaires chez eux. Les inégalités qui existaient déjà en matière d’éducation et de perspectives de carrière sont exacerbées par la crise.

Même si la situation sur le marché de l’apprentissage semble satisfaisante pour le moment, la question du choix d’un métier préoccupe les jeunes. Souvent, les traditionnelles journées d’initiation ne peuvent pas être organisées, ou bien elles doivent être effectuées dans l’espace virtuel. Les jeunes en dernière année d’apprentissage ne savent souvent pas si elles ou ils vont pourvoir rester dans l’entreprise avec un vrai contrat de travail. En janvier 2021, 17 000 jeunes étaient au chômage. Un an plus tôt, il y en avait 5000 de moins.

De la solidarité dans les deux sens

Depuis le début de la pandémie, Pro Juventute a fait part à plusieurs reprises des préoccupations des enfants et des jeunes au Conseil fédéral et aux cantons. Nous nous félicitons de constater que grâce à notre travail, entre autres, il existe désormais un consensus sur la fermeture des écoles, laquelle devra rester une mesure anticovid de dernier recours. Les jeunes de moins de 20 ans peuvent à nouveau faire du sport ensemble et se rencontrer dans les Centres de jeunesse: nous nous en réjouissons. En février 2021, la Commission des institutions politiques du Conseil des États a donné son feu vert pour abaisser l’âge du droit de vote à 16 ans. C’est un premier pas important vers plus de codétermination pour la jeune génération.

Petit à petit, on entrevoit la lumière au bout du tunnel, et de plus en plus de personnes à risque sont vaccinées. Lors des prochaines étapes d’ouverture, pensons à récompenser la jeunesse pour sa patience et sa solidarité et créons pour les jeunes des emplois, des perspectives et des opportunités d’échange. C’est ainsi que nous pourrons également nous montrer solidaires avec les jeunes. C’est ce à quoi Pro Juventute s’engage.

* L’exemple est anonymisé

Laisser un commentaire

Cela pourrait également vous intéresser

S'inscrire maintenant ou créer un profil

Inscription Créer un profil