Les personnes très âgées veulent s’engager
Même si les médias accordent une attention croissante aux personnes âgées, certains préjugés restent ancrés dans la société. L’un d’entre eux voudrait que, plus une personne vieillit, plus sa vie devient passive, et moins on fait appel à elle.
Photo: crèche Paradies
Le fonds allemand pour l’avenir de Generali a cherché à élucider cette opinion largement répandue, et a commandé une enquête visant à étudier l’engagement citoyen des personnes âgées de plus de 85 ans.
Résultats de l’étude sur les personnes âgées
Dans le cadre de cette enquête, l’Institut de Gérontologie de l’Université de Heidelberg a interrogé un échantillon représentatif de 400 seniors âgés de 85 à 99 ans, sur les possibilités et les limites de leur participation citoyenne. De plus, les employés d’associations, organisations et églises ont été interrogés sur leurs expériences dans les échanges avec les personnes âgées. Les résultats de l’étude revêtent un intérêt crucial pour la société. En résumé: «Le souci des autres est central dans l’existence des personnes âgées, et contribue par ailleurs sensiblement à leur qualité de vie.»
Trois personnes âgées sur quatre indiquent «trouver de la joie et de la satisfaction à des rencontres approfondies avec d’autres personnes». Presque la moitié est convaincue que leur expérience de la vie peut être utile aux plus jeunes. En outre, près des trois quarts des personnes interrogées se préoccupent activement du destin des générations suivantes. Concrètement, cela signifie que plus des deux tiers d’entre elles soutiennent leurs voisins dans la vie quotidienne, et que plus d’une sur deux transmet un savoir à des plus jeunes.
Le désir d’engagement se heurte au manque d’écho rencontré
Pourtant, cette forte volonté de s’engager pour les autres rencontre pour l’instant, en Allemagne – mais aussi en Suisse – un écho très limité. Parmi les personnes interrogées, 77 % ont indiqué n’avoir pas trouvé d’initiative correspondante. Les gérontologues qui participent à l’étude parlent d’un important besoin de rattrapage, en particulier au vu de l’évolution démographique, qui va entraîner une augmentation du nombre de personnes âgées.
Interrogée sur les projets qui tiennent compte des résultats de l’étude, Monika Steiger, directrice de la Société suisse de Gérontologie, cite différentes crèches en Suisse alémanique et en Romandie qui sont couplées avec une maison de retraite ou un foyer médicalisé. Toutefois, d’après les observations de Mme Steiger, l’intérêt pour les projets intergénérationnels est souvent unilatéral, c’est-à-dire que les jeunes y sont moins attachés. Selon Monika Steiger, un mélange des générations intégrant les personnes très âgées est positif: «Il suffit parfois de peu de choses pour rendre possible cet échange, par exemple d’un café où se rendent des personnes de toutes les classes d’âge.»
Projet intergénérationnel réussi
L’une des crèches qui intègrent des personnes âgées à leur vie quotidienne est la crèche municipale «Paradies» de Wollishofen, à Zürich, qui a loué des locaux au sein du Centre de soins d’Entlisberg. D’après Christine Klumpp, directrice de la crèche, des contacts spontanés entre enfants et personnes âgées se produisent à divers endroits, par exemple dans un jardin commun, dans les espaces extérieurs ou au bain Kneipp. Un autre point de rencontre est le parc animalier de l’établissement. À cela s’ajoutent également des propositions ciblées pour chacune des deux générations: «Deux fois par mois, nous nous rendons mutuellement visite. Les petits, avec lesquels jouent les résidents du centre de soins, sont âgés de 12 mois à deux ans et demi», explique Christine Klumpp. La rencontre a été très appréciée des seniors: «Leur sourire dit tout». Pourtant, à l’en croire, le contact est aussi clairement un enrichissement pour les petits: par exemple, il les rend plus serviables et renforce leur confiance en eux. Ainsi, une petite fille s’entend dire: «Oh, comme tu es mignonne!». Au cours de gymnastique hebdomadaire, plébiscité aussi bien par des seniors en fauteuil roulant que par des enfants âgés de deux ans et demi à quatre ans, on encourage aussi les enfants à être serviables.
Toutefois, ces précieuses interactions ne se produisent pas complètement par elles-mêmes: «Il faut quelqu’un qui ait déjà vécu ces interactions. Il faut une attitude de soutien et un accompagnement adapté», précise Christine Klumpp.
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Une contribution de Daniela Kuhn
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J’ai déjà vu qu’il s’agissait de l’étude de Generali sur les personnes âgés, dont le lien est à la fin de l’article. Merci de toute façon.
Bonjour,
Les résultats de cet étude est très intéressant. Est-ce que vous pourriez nous en donner la reférence complète et, si possible, le lien où on peut le consulter?
Merci beaucoup.