Réviser notre manière de voir – ou «En route vers une politique des générations» (partie 2)
Politique intergénérationnelle et dialogue intergénérationnel
10. février 2011
Partie 2 du colloque ASSH-SAGW sur la politique des générations organisé à Berne le 18 novembre 2010
par Irene Kobler et Barbara Schiffmann, étudiantes de niveau Master à l’université de Lucerne
La position des groupes d’intérêt
Après les scientifiques, ce sont les représentants de l’économie, ainsi que ceux des groupes de réflexion (de droite et de gauche) et des syndicats, qui se sont exprimés. Ainsi, pour Beat Ringger du Réseau de réflexion suisse, le vrai problème est que la population ne bénéficie pas des gains de productivité réalisés dans l’économie. Il constate au contraire une accumulation non productive de richesses sur les marchés financiers, ainsi qu’une répartition verticale du bas vers le haut. La politique fiscale élaborée par le Réseau (imposition des bénéfices, des successions et des revenus élevés) permettrait, selon Beat Ringger, de réduire la pression à laquelle sont soumises les personnes âgées de 25 à 50 ans, notamment par l’introduction d’un congé parental et d’un congé sabbatique rémunéré.
Economiesuisse argumente à l’opposé, le professeur Rudolf Minsch mettant l’accent sur la durabilité financière d’une politique des générations. Dans ses explications, il se réfère notamment à la prévoyance vieillesse, pointant du doigt une omission de la politique des générations qui, selon lui, n’a pas tenu compte du fait que toute répartition doit pouvoir être financée à long terme. Par conséquent il s’engage en faveur d’un frein à l’endettement pour les assurances sociales, de manière à empêcher la génération actuelle de consommer aux frais de la génération suivante. Le même problème a été thématisé par Boris A. Züricher d’Avenir Suisse. Toutefois, ni Rudolf Minsch ni Boris A. Züricher n’ont élucidé la question de la mise en œuvre de ce frein à l’endettement dans les assurances sociales.
Le débat politique – «doing words» pour certains
Le colloque s’est terminé sur un débat politique dirigé par Erwin Koller, avec la participation d’Urs Schwaller (PDC), Paul Rechsteiner (PS) et Yvonne Gilli (Verts). Urs Schwaller a rappelé que la question des générations est déjà ancrée dans le processus parlementaire de prise de décision politique. Pour lui, la couverture financière de l’assurance sociale ainsi que la possibilité de concilier vie de famille et vie professionnelle sont les thèmes essentiels de la politique des générations. Paul Rechsteiner en revanche est plutôt sceptique face au concept de la politique des générations comme un instrument politique. Pour lui, il s’agit plutôt d’aboutir à une certaine orientation terminologique. Tout comme Yvonne Gilli, il fait référence à des structures et mécanismes de pouvoir en politique. Paul Rechsteiner souligne en outre l’importance de ne pas perdre de vue le problème des inégalités entre les générations. C’est la raison pour laquelle, selon lui, bien plus que le système d’assurance sociale, la politique familiale et le droit successoral doivent être placés au centre de la politique des générations. Pour faire progresser la politique des générations, il faut, selon Yvonne Gilli, un changement d’esprit: la politique doit se débarrasser des vieux clichés et tenir compte du caractère dynamique des relations intergénérationnelles. Enfin, Kurt Lüscher a précisé que cette discussion politique démontrait, une fois de plus, la logique propre de la politique, lui reprochant son manque de pragmatisme et la qualifiant de «doing words».
Le rapport sera poursuivi dans une autre partie.
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