Sur le Blog: Prof. François Höpflinger Relations intergénérationnelles et espace public
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10. octobre 2011
Spécifiques de l’âge, les stratégies d’appropriation des espaces publics et des voisinages n’ont jusqu’à présent pas retenu toute l’attention qu’elles méritent. Souvent, les jeunes occupent un rôle de premier plan dans la découverte et l’appropriation d’un espace public, alors que les adultes, bien qu'ayant déterminé la planification de cet espace, ne s’engagent plus lorsqu’il s’agit de lui donner un visage concret.
Relations intergénérationnelles et espace public
Spécifiques de l’âge, les stratégies d’appropriation des espaces publics et des voisinages n’ont jusqu’à présent pas retenu toute l’attention qu’elles méritent. Souvent, les jeunes occupent un rôle de premier plan dans la découverte et l’appropriation d’un espace public, alors que les adultes, bien qu’ayant déterminé la planification de cet espace, ne s’engagent plus lorsqu’il s’agit de lui donner un visage concret. L’importance des espaces publics, en tant que ressource pour les relations intergénérationnelles, n’est pas suffisamment (re)connue, notamment dans les zones urbaines. En effet, il conviendrait d’accorder une place primordiale aux facteurs intergénérationnels lors de la planification des espaces publics dans les villes. Ne tenant pas compte des structures locales de voisinage et de l’organisation de l’espace public, les projets intergénérationnels ont des chances de réussite moindres, puisque les contacts informels, l’échange d’informations et l’entraide entre les générations ont généralement un caractère local très marqué.
L’existence de scènes permettant aux jeunes de se montrer, telles les installations de skate-board, favorise l’appropriation de l’espace public par les jeunes. Sont également utiles les plateformes permettant de superviser un espace ainsi que les niches dans lesquelles il est possible de se retirer et que divers groupes peuvent s’approprier. Il convient en outre de prendre en compte la situation en terme de transports publics, par exemple la proximité par rapport à un point de connexions, telle une gare. En revanche, les endroits non structurés, très ouverts et facilement contrôlables, sont moins favorables aux projets intergénérationnels.
Il est vrai que les générations plus âgées sont généralement plutôt réticentes à l’utilisation informelle d’espaces publics par les jeunes, notamment lorsqu’il s’agit de jeunes étrangers. Ces préjugés sont partiellement renforcés du fait que la jeunesse urbaine occupe souvent – et typiquement sans égards pour les autres – des espaces considérés par les adultes comme appartenant en réalité et par leur fonction à la société entière. Ainsi, l’observation suivie a démontré, dans le cas des parcs publics, que les jeunes constatent avec satisfaction un certain malaise auprès des adultes lorsque, dans un parc, ceux-ci se retrouvent face à un très grand nombre de jeunes (pour les jeunes c’est la confirmation qu’ils sont parvenus à s’approprier le parc). Dans la gestion des conflits quotidiens entre générations relatifs à l’utilisation de l’espace public, on découvre fréquemment le même schéma: la surveillance et le contrôle des lieux sont confiés à des adultes n’ayant aucune formation de médiation intergénérationnelle, tels les employés du service de sécurité ou les agents de police.
Les espaces publics offrent des opportunités, ce sont des lieux où les générations pourraient se rencontrer et apprendre à gérer leurs conflits. Ce potentiel n’a pas été suffisamment exploité jusqu’à présent.
Prof. François Höpflinger
Institut de sociologie de l’université de Zurich
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