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L’intergénérationnel dans le contexte de l’assistance aux personnes âgées et de l’encadrement des enfants durant la crise du coronavirus: protection et qualité de vie

Des rencontres entre des résidents de maison de retraite et des enfants en crèche en période de pandémie? Jamais durant la crise deux groupes de population n’ont été aussi complètement et aussi rigoureusement séparés l’un de l’autre que les personnes en maison de retraite et les enfants en crèche.

Little Girl Visits Grandparents Through Window

Dès le tout début de la pandémie de coronavirus, les personnes du 3e et 4e âge ont été classées comme l’un des groupes à risque les plus importants: elles étaient particulièrement sujettes à une évolution grave de la maladie et à une mortalité élevée. En revanche, la plupart des enfants semblaient développer des symptômes légers. En outre, les jeunes enfants, en particulier, devaient être considérés comme moins fiables que les adultes: difficile d’attendre d’eux qu’ils respectent systématiquement les mesures d’hygiène nécessaires. En conséquence, pendant le confinement et durant plusieurs mois, les familles ont été officiellement invitées à éviter le contact physique étroit entre grands-parents et petits-enfants – notamment dans le cadre de la garde d’enfants – afin de protéger en tout premier lieu la génération plus âgée. De leur côté, les établissements pour personnes âgées ont développé des plans de protection qui, outre les contacts avec les proches et les bénévoles, interdisaient les rencontres intergénérationnelles, notamment celles impliquant des enfants gardés au sein de crèches, ateliers de jeux ou garderies périscolaires.

Les relations intergénérationnelles dans le domaine de l’aide aux seniors et de l’encadrement des enfants constituent un axe prioritaire de l’action d’Intergeneration. C’est pourquoi nous avons demandé en septembre 2020 à dix responsables de projets engagé-e-s dans ce domaine de nous faire part des expériences qu’ils ou elles avaient pu faire en lien avec la pandémie et des réactions constatées, d’une part, chez les personnes âgées et, d’autre part, chez les enfants. Vous trouverez ci-dessous quelques résultats de notre enquête téléphonique (non représentative):

Les responsables de projets interrogé-e-s avaient bien compris que le contact avait dû être interrompu dans certaines maisons de retraite, notamment au début de la pandémie, car un nombre élevé d’infections avaient été détectées parmi les résidents et le personnel soignant, et on disposait encore de peu de connaissances sur le coronavirus. Pour les programmes intergénérationnels, la situation était d’autant plus complexe que, dans le cadre du confinement et jusqu’en mai 2020, de nombreux enfants n’avaient pas accès à leur crèche ou à leur garderie habituelles, puisque seules les familles dont les parents exerçaient une activité professionnelle d’importance systémique pouvaient continuer à utiliser de telles structures.

Cependant, certaines mesures de protection ont été source de mécontentement. Ainsi, des responsables de projets ont rapporté au cours de l’entretien que de petits cadeaux fabriqués par les enfants et offerts à «leurs» personnes âgées n’ont pas été acceptés par la maison de retraite. Telle crèche et tel atelier de jeux, installés au sein d’un centre pour personnes âgées, ont été délocalisés ou fermés. Des locaux auparavant utilisés en commun, comme par exemple le «foyer», n’étaient plus accessibles ni aux enfants, ni au personnel encadrant, ni aux parents.

En revanche, les responsables de projets interrogé-e-s ont fait part d’une même réaction personnelle en ce qui concerne le confinement: les enfants inscrits à leurs programmes ont suivi les suggestions des responsables et ont même apporté leurs propres idées sur la manière de compenser la distance physique avec les résidents de «leur» maison de retraite. Ainsi, des peintures (plastifiées et donc désinfectables) ont régulièrement été envoyées à la maison de retraite; les enfants et les personnes âgées ont chanté ensemble sur les terrasses et les balcons, à distance les uns des autres; des échanges vidéo ont été organisés – mais seulement occasionnellement en raison du manque d’équipement numérique de part et d’autre.

Pour les personnes âgées vivant dans les maisons de retraite, tous les contacts extérieurs et, dans certains cas, même les échanges entre les résidents ont été limités, voire interdits, en fonction du plan de protection propre à chaque établissement. Ainsi, la résignation l’a souvent emporté, à la longue, sur la question initiale des ainé-e-s qui voulaient savoir quand les enfants seraient autorisés à revenir. En revanche, les personnes âgées ont beaucoup apprécié les efforts des responsables de projets visant à maintenir le contact avec les enfants par des formes de communication alternatives.

Un facteur positif: les responsables de projets sont resté-e-s en contact durant la crise

De l’avis de plusieurs responsables de projets, la poursuite d’un échange régulier entre les deux partenaires, crèche ou garderie, d’une part, et établissement pour personnes âgées, d’autre part, s’est avérée particulièrement efficace: «Il est beaucoup plus difficile de rétablir une coopération si vous ne vous êtes pas parlé-e-s pendant des mois», souligne une directrice de crèche.

Surmonter l’effet de choc

Après la fin du confinement, les responsables de projets ont constaté que la plupart des maisons de retraite hésitaient encore beaucoup à assouplir leurs mesures d’isolement.  Même si entretemps les parents et les bénévoles ont de nouveau été admis dans les centres pour personnes âgées, les premières demandes des responsables de projets pour relancer leurs activités intergénérationnelles ont été rejetées – et le sont toujours, à quelques exceptions près. Il ressort de notre enquête que seuls quelques rares responsables de projets ont réussi à faire redémarrer les rencontres et activités intergénérationnelles.

Contrairement aux organisations de garde d’enfants, les établissements pour personnes âgées continuent d’être soumis à une pression particulière, car leur clientèle âgée, qui constitue l’un des principaux groupes à risque, doit être protégée de manière particulière contre une infection par le coronavirus. Toutefois, il y a eu une prise de conscience: il convient de veiller à la proportionnalité des mesures d’isolement par rapport à la qualité de vie des personnes âgées. Les responsables interrogé-e-s sont également conscient-e-s de ce dilemme et souhaitent engager un dialogue avec les maisons de retraite afin de développer conjointement de nouvelles solutions pour les activités intergénérationnelles.

Ensemble, développer des idées afin d’améliorer la qualité de vie

La pandémie de coronavirus n’a rien changé au bien-fondé de la prise en charge intergénérationnelle, laquelle s’était avérée utile déjà avant la crise. Les rencontres entre générations favorisent la compréhension mutuelle entre jeunes et personnes âgées, et elles améliorent la qualité de vie. Les rencontres intergénérationnelles peuvent apporter une contribution constructive même pendant la crise sanitaire actuelle. Intergeneration organisera donc une réunion virtuelle afin de soutenir les responsables de projets dans un but précis: favoriser le développement d’idées et l’échange de bonnes pratiques pour organiser des rencontres entre générations durant cette pandémie qui risque de durer encore. Si vous êtes intéressé-e, contactez-nous par e-mail: info@intergeneration.ch

En guise de conclusion, vous trouverez ci-dessous quelques conseils concernant les activités intergénérationnelles, découlant des entretiens que nous avons menés avec les responsables de projets:

  • Restez en contact régulier et direct avec vos interlocuteurs – même si les activités intergénérationnelles sont temporairement interrompues.
    Si vous n’avez pas été en contact depuis longtemps, contactez votre interlocuteur ou interlocutrice dès à présent! Le partenariat «assistance-encadrement», lorsqu’il est intergénérationnel, s’accompagne toujours d’un échange interdisciplinaire et se déroule toujours dans des conditions atypiques. Cela nécessite un dialogue entre les responsables des projets des deux établissements.
  • Planifiez les activités par étapes bimestrielles: vous pourrez ainsi réagir rapidement au renforcement ou à l’assouplissement des règles sanitaires officielles. Prévoyez des solutions de rechange afin de pouvoir réagir aux changements de réglementation en la matière.
  • Pour le redémarrage, prévoyez des activités simples et plus courtes, qui pourront être bien intégrées dans la routine quotidienne des deux organisations partenaires, en dépit des conditions spécifiques liées au coronavirus.
  • Travaillez avec de petits groupes intergénérationnels et faites toujours une liste des personnes présentes (traçage des contacts). Cherchez le dialogue avec vos interlocuteurs afin de vous informer mutuellement sur les cas d’infection au coronavirus dans vos structures respectives.
  • Les mesures d’hygiène officielles (distance, désinfection des mains, masque, etc.) doivent toujours être respectées lors des rencontres intergénérationnelles. Plusieurs responsables de projets dans le domaine de la garde d’enfants ont rapporté que les enfants d’âge préscolaire s’étaient déjà habitué-e-s à ces mesures et les acceptaient.
  • Vérifiez la configuration des locaux et l’espace disponible, et assurez-vous que l’environnement convienne à un lieu de rencontre intergénérationnelle. Les jardins, terrasses et balcons sont particulièrement adaptés en raison de la circulation d’air frais.

Billet de blog de Monika Blau, Intergeneration

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