Tout l’exercice est créatif – et sérieux. Bien qu’il ne s’agisse pour l’instant que d’une édition test de ce magazine – c’est l’objectif du travail de maturité d’un gymnasien. Au choix, on trouve par exemple “Le visionnaire”, “Dialogue diagonal” et “et”. Eh bien, ce dernier mot a convaincu. “et” s’affiche aujourd’hui encore comme titre au-dessus de tous les engagements de l’association “et” le tandem des générations.

“Est-ce un raccourci ?”, nous demande-t-on. Non, plutôt un espace réservé à l’entre-deux. Avec “et”, il ne s’agit pas de l’un ou de l’autre – mais des deux ensemble. La conjonction est l’un des mots les plus écrits et les plus prononcés. C’est sans doute pour cela que ce mot est sous-estimé.

Mais avec prétention

Insignifiant, mais avec des prétentions : c’est ainsi que je voudrais comprendre ces trois lettres. U, N et D relient. Elles ont le pouvoir de faire naître une relation. Du point de vue linguistique, tout peut être lié. Même des choses opposées se trouvent soudain sur le même plan, en relation directe : la guerre et la paix. Ce qui est linguistiquement possible ne fonctionne pas toujours dans la réalité. Surtout lorsque les deux termes sont si éloignés l’un de l’autre.

Mais cela fonctionne chez les humains. Le petit mot “et” fait référence à la relation entre toi et moi. Moi seul – que reste-t-il ? Moi dans le vide. Moi, tout seul. Inimaginable. Je pressens que je ne reste même pas moi. Et toi aussi, seul, tu restes méconnaissable. Il n’est pas possible d’être humain sans “et”. Ce n’est que dans la relation que naît la signification. Martin Buber a écrit : “C’est au niveau du tu que l’homme devient le moi” Ce n’est que dans la relation que nous devenons des êtres humains.

La relation ne va donc pas sans le pont que jette la conjonction “et” . Au niveau linguistique, mais aussi dans la réalité. Le “et” possède une magie qui ne peut pas être justifiée mathématiquement. 1 et 2 font 3, c’est bien connu, mais je et tu – c’est nous. Moi, le lycéen de l’époque qui a ensuite étudié la théologie, ces pensées philosophiques me plaisent. Mais je ne peux et ne veux pas décrire “et” le tandem des générations au quotidien dans ces digressions intellectuelles.

Qu’est-ce qu’on fait ici?

“C’est quoi ce bureau ?”, me demande un jeune de 17 ans alors que je tâte le terrain dans notre espace “et”. Le jeune homme cherche sa voie dans le monde du travail ; il travaillera bientôt dans notre bureau le jeudi et le vendredi matin. Il a une année scolaire de préparation professionnelle à faire dans une institution de formation. Je commence à hésiter. Je cherche les mots justes, mais simples. Je n’arrive pas à expliquer à un jeune homme souffrant de troubles cognitifs ce que nous faisons ici. Et cela me frustre. Ce n’est pas seulement vis-à-vis du jeune de 17 ans que je me retrouve en difficulté pour expliquer.

D’une manière générale, je trouve qu’il est de plus en plus difficile de décrire “et” le tandem de générations en quelques phrases. Cela ne doit pas être le cas. En tant qu’initiateur, je dois être en mesure de résumer brièvement le sens et le but de notre action. Je ne parviens pas à faire le fameux “elevator pitch” – présenter une idée à quelqu’un en l’espace d’une courte montée en ascenseur. Est-ce (ma) crise ? Est-ce un problème ?

Qu’est-ce que “et” le tandem de générations représente pour les personnes qui se trouvent derrière ? Tobias, un jeune homme qui a interrompu son apprentissage, prend la responsabilité de notre livestream. Il a son rôle ici, il participe de manière décisive aux décisions. Cela lui plaît.

Rita est régulièrement assise sur le banc d’écoute, elle prête une oreille attentive à tous ceux qui veulent raconter quelque chose. Cela la comble. L’écoute a un sens. “Ici, je peux réfléchir à l’avenir de notre société et me disputer avec les gens avec amour”, déclare Fritz, un développeur organisationnel à la retraite.

Il existe autant de réponses que de personnes engagées à la question de savoir ce qu’est “et” le tandem intergénérationnel. Chacun a ses propres raisons de s’engager. Le point commun est le suivant : “et” le tandem intergénérationnel fait et donne du sens. Et ce, à deux niveaux : D’une part individuellement, d’autre part pour la société. Ce n’est pas seulement un projet de loisirs. Nous avons formulé notre exigence sociale avec la charte pour une cohabitation des générations. Ce double sens manque parfois ailleurs. Les nouveaux arrivants chez “et” peuvent être dépassés par la recherche de ce double sens. Mais avec le temps, il y parviendra certainement. Dès qu’une nouvelle personne s’engage chez nous, elle transforme l’association. Chaque nouvelle personne engagée s’ajoute comme une pièce supplémentaire à ce puzzle sans fin. Le grand tableau d’ensemble se diversifie.

“et” les générations?

Pourquoi, au fond, sommes-nous un projet générationnel ? Justement pas parce que nous voulons cimenter les différences entre les générations. Nous ne voulons pas faire de “génération framing” – c’est-à-dire répéter des préjugés et définir les gens en fonction de leur âge.

Ce n’est pas notre âge qui nous définit. Les différences entre les gens en général sont bien plus grandes que les différences entre les générations. Et aucune définition “des jeunes”, “des vieux” et de toutes les générations intermédiaires ne s’applique jamais à tous. C’est une constatation que je fais régulièrement. Par exemple lorsqu’une personne de mon âge est assise en face de moi, mais qu’elle n’a rien en commun avec moi.

D’où la question répétée : pourquoi un projet intergénérationnel ? Dans l’échange entre personnes de différentes générations, il est clair que des expériences de vie différentes se rencontrent. C’est dans le dialogue et le travail sur la diversité que nous pouvons relever les défis de notre temps.

“et” l’avenir?

Les défis auxquels notre société est confrontée ne pourraient pas être plus grands. L’avenir en inquiète plus d’un, en effraie plus d’un. A grande échelle, les individus ne peuvent que rarement changer le monde – en même temps, les grandes questions de notre époque concernent tout le monde : crise climatique, guerre, démocraties à bout de souffle. Il n’y a pas qu’une seule réponse et des solutions simples. Il faut de nombreuses approches. Nous voulons faire de grandes choses avec “et” à petite échelle. Si je me tourne vers l’avenir, je voudrais souligner quatre développements qui me tiennent (ou me tiendront) particulièrement à cœur :

Un lieu de rencontre dans la région de Thoune – un foyer pour “et”. Depuis l’automne 2021, un groupe de projet s’occupe précisément de cela. A long terme, nous cherchons un lieu qui ne serve pas seulement de lieu de travail pour notre secrétariat et de lieu de réunion. Nous voulons créer un lieu pour tous.

Penser en termes de lien entre les générations – également sur le plan politique : de nombreuses communes ont des lignes directrices pour les personnes âgées. Et beaucoup réfléchissent désormais différemment et veulent élaborer des modèles intergénérationnels. Nous apportons ici notre expérience et soutenons les communes.

Vivre ensemble, par exemple lors du festival des générations : notre plus grand événement, plus connu que l’association elle-même, nous accompagnera, nous l’espérons, pendant de nombreuses années encore. En quelques jours, “et” le tandem des générations est vécu de manière très intense.

Pour tous – travailler ensemble : Chez “et” le tandem intergénérationnel, des bénévoles, des salariés et bientôt des personnes en insertion professionnelle travaillent ensemble. Nous voulons que tout le monde participe, quels que soient ses origines et ses compétences. Nous sommes convaincus qu’une société dans laquelle tout le monde contribue est une société meilleure.
Chez “et” le tandem de générations, beaucoup de choses sont possibles. C’est la diversité qui nous caractérise. Je me réjouis de tout ce qui peut encore arriver.

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Contribution de :

Elias Rüegsegger (28 ans)
Intéressé par les gens et leurs questions. Il a initié “et” le tandem des générations dans le cadre de son travail de maturité. Il a étudié la théologie à Berne. Il est employé à 50 % par “und” pour le domaine “Développement &amp ; projets”.